Ta Mort en Short(s): démystifier la mort avec humour et légèreté

Ta Mort en short(s) réunit 6 courts-métrages aux univers absolument superbes et uniques pour approcher avec poésie, humour et nostalgie un sujet qui en requiert beaucoup : la mort.

Au cinéma le 31 octobre, on retrouvera Pépé le Morse de Lucrèce Andreae. C’est l’histoire d’une famille en deuil de leur grand-père. La mère, ses 4 enfants et la grand-mère se retrouvent sur la plage préférée du défunt, en plein cœur de l’hiver, pour lui rendre un dernier hommage. Chacun gère sa peine différemment. La grand-mère est engluée dans son deuil et se met en tête de construire un totem fait de sable et de vieux mégots, en hommage à son époux. Les deux aînées sont des adolescentes de leur temps, vissées à leur portable et totalement détachées des évènements. Leur petit-frère cherche désespérément à connecter avec elles, sans grand succès. Marius, le cadet, est un bébé joyeux et obnubilé par les trésors qu’offre la plage. La mère, elle, est à bout de nerfs. Sa mère est plus ingérable que ses enfants. Rien de plus étonnant en temps de deuil. Ce moment suspendu sur la plage vide rend la cérémonie d’autant plus intime et douloureuse. Le vide laissé par Pépé se fait d’autant plus important et pesant. Ils sont mis devant le fait accompli : Pépé est définitivement parti. Ce court-métrage est touchant par son approche détachée et insidieuse du sujet pour encore mieux le sublimer.

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Mon Papi s’est caché d’Anne Huynh est un bijou. La réalisatrice offre une peinture impressionniste de toute beauté, aussi bien sur le plan esthétique que narratologique. Ce film est un tableau qui en referme plus d’un. Son objet : la transmission et la mort par le prisme de la relation d’un petit garçon avec son grand-père. Dans le cœur du jardin familial se joue une relation faite d’un amour et d’une tendresse touchants. Anne Huynh nous offre une approche de la vie et de sa fugacité tout en légèreté. La douceur et la poésie enveloppent cette esquisse haute en couleur et en positivité. Il serait tellement plus simple si tous les sujets sensibles pouvaient être abordé avec la même délicatesse et sensibilité, aussi bien pour les adultes que les enfants. Mon Papi s’est caché m’a profondément touché.

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La Petite Marchande d’allumettes d’Anne Baillod et Jean Faravel est l’histoire la plus noire de cette collection. Tournée un peu à la manière d’un conte, et pour cause, elle est tirée de la nouvelle de Hans Christian Andersen, le film suit une adolescente, abandonnée à la rue, qui cherche à se faire de l’argent en vendant des allumettes. Dans le vacarme et le rythme effréné de la ville, sa pauvreté et sa fragilité sont d’autant plus criantes, et d’autant plus ignorées. On apprend rapidement qu’elle est orpheline et que c’est une enfant de la rue. Au-delà de l’histoire, il faut souligner le travail important effectué sur le dessin, et l’importance de l’utilisation des différences nuances de gris et des contrastes. Très courte, l’histoire brille par son image et son animation.

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Chroniques de la Poisse d’Osman Cerfon est effroyablement drôle par l’enchaînement de situations qu’il propose. Ce court résume la loi des séries et l’effet papillon. La Poisse c’est un homme à tête de poisson qui par les bulles qu’il expulse transmet son lot de malchance. Assez noir, il est très efficace et va à l’essentiel de son propos. Les métaphores sont simples mais accessibles à tous. Le sujet est noir et touche à la mort, sans pour autant en faire son objet central. Petits et grands s’en régaleront.

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Mamie de Janice Nadeau repose sur le lien affectif dans une famille. Plus précisément celui entre une grand-mère et sa petite-fille. Le repli sur le souvenir de ceux qu’on aime et dont on aurait voulu être proche est au cœur des préoccupations de l’héroïne, une adolescente qui revient sur sa relation avec sa Mamie. Cette histoire est touchante et transporte le spectateur par son approche et la mise en scène de cette relation.

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Los Dias de los Muertos de Pauline Pinson est un délice coloré. Ancrée dans une certaine cocasserie, l’histoire se concentre sur Gonzalo, récemment décédé. Il revient lors de Los Dias de los Muertos pour visiter sa femme, Selena. Mais leurs retrouvailles sont quelque peu perturbées. Lui qui s’attendait, comme ses compères, à un festin préparé par sa dulcinée, se retrouve penaud face à un régime sans sel, sans gras et fait de légumes et d’un demi-yaourt. Dure dure d’être un mort affamé. La mort ici est traitée avec une légèreté, une facilité et un humour qui plairont à tous les publics.

Cette collection peut servir de base préparatoire pour les parents anxieux d’aborder le sujet de la mort avec leurs enfants. Ta Mort en Short(s) c’est 54 minutes de délices mordants mais heureusement pas mortels. À déguster dès 11 ans.

 

 

 

Crédits photos: Folimage

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