Ce mois a été l’occasion pour moi de me remettre à la BD. Un retour que je dois à Fabcaro. Auteur de Et si l’Amour c’était aimer ? ou encore Mars ! il possède un univers remarquable et tout simplement génial, où humour, cynisme, absurde et bon esprit se marient sans fioritures.
Après avoir dévoré ces deux albums, je me suis tournée vers Arnaud Floc’h et son œuvre sur Emmett Till. Enfin, je me suis lancée dans la saga Aya de Yopougon (tome 1) de Marguerite Abouet qui attendait déjà depuis plusieurs mois sur mon bureau. Bref, un mois sous le signe de l’histoire imagée et des vignettes colorées.
Fabcaro – Et si l’Amour c’était aimer ?
Cette BD raconte l’histoire d’une rencontre inattendue entre Sandrine et Michel. Cette idylle ubuesque enrobée de macédoines est une love story des plus atypiques.
Que dire si ce n’est qu’il faut se méfier des services de livraison. Speed Macédoine, qui est un maudit Deliveroo/Uber Eats/Dominos Pizza d’une autre dimension (#SlidersMondesParallèles : comprendra qui pourra) est le service – auquel personne n’aurait jamais pensé ni rêvé – qui brisera le ménage tranquille de Sandrine & Henri.
Et Si l’Amour c’était aimer ? est plein de réflexions sans queue ni tête, de tournures de phrases déjantées et d’une pelletée d’humour qui font du bien aux abdos. C’est une lecture rapide qui vous tiendra en éveil par ses multiples rebondissements. À consommer seul-e ou entre ami-e-s, c’est un pur délice. C’est le guilty-pleasure qui va vous convertir à l’humour et à l’univers absurde de Fabcaro, à défaut de vous faire manger ou apprécier de la macédoine !!
Fabcaro – Mars !
Un trio de pinpin est choisi – on ne sait comment – pour une mission spatiale de la plus grande importance pour le gouvernement de François Hollande : une mission sur Mars. Installés dans la fusée, ces 3 cons ne réalisent pas qu’ils n’ont jamais quitté la terre, à cause d’un problème technique. À grands renforts de quiproquos et de conneries, l’équipe qui les encadre tente coûte que coûte de les prévenir de cet échec de lancement, quitte à se fâcher avec la logique, le bon sens et leurs neurones. Seulement voilà, impossible de parler par téléphone avec l’équipage, qui finit par couper toute communication. Tout est alors mis en œuvre pour couvrir cet échec monumental auprès des médias et de la population. Se met alors en place une vaste opération pour manipuler l’opinion publique et éviter à tous prix la chute du président dans les sondages. Bref, c’est le grand n’importe quoi ! Une bonne dose d’absurde administrée avec générosité par Fabcaro qui, une fois encore, signe une épopée mordante et burlesque.
Arnaud Floc’h – Derniers Jours d’une courte vie : Emmett Till
Ce livre, comme son nom l’indique, retrace les derniers jours de la vie d’Emmett Till, devenu l’un des symboles de la ségrégation et de ses horreurs mais aussi de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis.
Cet ouvrage est important car il permet de rendre accessible une histoire que peu connaisse vraiment en France. De Chicago au comté de Le Flore dans le Mississippi, le jeune Emmett découvre à ses dépends les affres du racisme et de la ségrégation. C’est ainsi qu’il sera torturé, assassiné et laissé pour mort au fin fond d’une rivière par deux fermiers blancs, Roy Bryant et J.W. Milam, en août 1955, suite à un échange avec la femme du premier dans leur épicerie réservée aux Blancs.
Arnaud Floc’h se sert ici du témoignage de Simeon Wright (Simeon’s Story : an eyewitness account of the kidnapping of Emmett Till), un cousin d’Emmett pour raconter cette tragique fin. Un va-et-vient entre le présent et le passé permet à Floc’h de retracer cette horrible fin pour Emmett Till. Le livre met aussi en lumière l’histoire des Noirs aux États-Unis, de l’esclavage à nos jours, en revenant avec le dossier de fin sur ses points marquants, de la lutte pour les droits civiques, en passant par le lynchage de Rodney King, jusqu’au meurtre de Trayvon Martin. Une histoire marquée par la violence et la lutte qui est très bien documentée et expliquée dans le précis qui accompagne la bande-dessinée.
Marguerite Abouet – Aya de Yopougon (tome 1)
Aya est une jeune femme brillante qui s’intéresse davantage à ses études et à son avenir, qu’aux garçons. Ce qui n’est pas le cas de ses deux meilleures amies : Adjoua et Bintou. Elles habitent toutes Yopougon, aussi connu sous le nom de Yop City, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Si ses deux amies passent leur temps à gazer (comprendre sortir – s’éclater en boîte) et à draguer, Aya passe le plus clair de son temps à étudier, quand elle ne couvre pas ses compères et ne s’occupe pas de ses corvées, sous la surveillance étroite de ses parents et du reste de sa famille. Une surveillance qu’Adjoua et Bintou ont appris à déjouer pour passer du bon temps et fuir les restrictions de leurs parents.
L’héroïne, elle, cherche à tout prix à convaincre son père de la laisser devenir médecin. Mais son avis est, semble t-il, sans appel à ce sujet :
« Ah ! Tu me fatigues, Aya, les longues études sont faites pour les hommes. Tu trouveras un mari riche qui s’occupera de toi. »
Autant dire que face à une telle mentalité, elle doit va devoir déplacer des montages pour réaliser son rêve. Fort heureusement, la jeune femme n’est pas du genre à laisser tomber. Une véritable héroïne moderne et ambitieuse, Aya et ses amies ne vous laisseront pas de marbre. Je vous en dirai plus sur ses aventures très vite. Cette BD haute en couleur traite de sujets très larges allant du harcèlement, les traditions, de contraception. Cette BD haute en couleur traite de sujets très larges allant du harcèlement au machisme, en passant par la contraception ou encore les traditions. C’est aussi une parfaite entrée en matière dans l’univers de Marguerite Abouet et de Clément Oubrerie qui ont adapté l’oeuvre en film d’animation en 2013.