Le Baobab fou: l’écriture des racines et du mal de vivre par Ken Bugul

« Les êtres écrasés se remémorent… »

Le Baobab fou nous amène à la rencontre d’une auteure singulière, Ken Bugul, « celle dont personne ne veut » en Wolof. C’est le nom de plume qu’a choisi la sénégalaise Mariètou Mbaye pour ses écrits. Dans ce roman inaugural, elle conte son parcours à travers celle d’une héroïne qui porte le même nom, Ken.

C’est une femme, qui très tôt, connait l’absence de la mère. Née dans la petite région du Ndoucoumane, aux confins au Sénégal, elle se rend très vite compte qu’elle n’a pas de place dans sa famille. Pire, elle est en manque cruel d’appartenance à celle-ci. Ballotée entre les différents membres de sa famille, elle vit une existence qui vacille entre nécessité d’accomplir ses devoirs familiaux – soit être utile et dévouée aux besoins de sa famille – et celle de devenir une femme, dont l’existence culmine autour d’un ultime événement – ou réussite – qu’est le mariage et les enfants.

Ken, pourtant loin d’aspirer à cette existence, s’y plie à sa façon pour mieux poursuivre ses études et accéder à ses rêves. Elle est, de son propre aveu, la première de son clan à accéder à l’éducation, et qui plus est à l’école des Blancs. Elle rêve d’un ciel d’ailleurs, en Europe, où elle pourrait se sentir vivre, exister, et qui sait, aimer, parmi les anciens colonisateurs. Pourtant, si l’Occident l’attire, ce qui l’anime, dans son fort intérieur, se trouve dans le Ndoucoumane, cette région qui l’a vu naître.

C’est une histoire vibrante sur le vide affectif, le rapport à la mère et à la terre, mais aussi le racisme que dévoile ce livre :

« Je faisais et défaisais mille structures, mille plans, mille rêves. Je m’étais rendue aux toilettes et, à l’intérieur, je m’étais dit que pour sûr Dieu existait. Je m’étais pris la tête dans les mains et j’avais pleuré. Quand je vis le visage bouleversé que le miroir réfléchissait, je me ressaisis. Je reniflai pour contenir un fleuve de larmes qui grondait en moi, m’essuyai la figure et regagnai mon fauteuil timidement, pleine de mes petits secrets, comme j’avais toujours pleuré seule. La mère ne m’avait jamais vu pleurer. Mon âme et mon cœur saignaient inlassablement. En me réinstallant, je me disais que tout ceci était de la vieille histoire, que tout ceci allait s’arranger dans le Nord sans problème. La Terre promise. Le martyre ne serait plus long. J’avais fermé les yeux pour mieux imager mon labyrinthe intérieur à travers les dédales d’un monde connu seulement par désespoir, par vide affectif et par manque de forêt sacrée. » (page 45-46)

Ce roman aux accents biographiques permet à l’écrivaine de livrer sa rencontre avec l’Occident, avec elle-même, sa sexualité, son africanité et ce que cela signifie en Europe, ou encore ses désillusions. Plus qu’une rencontre avec ce qu’elle appelle « la Terre promise », c’est une rencontre avec elle-même, ses racines, et le vide intérieur qui attend la jeune femme à Bruxelles, où elle se rend pour poursuivre ses études. À mesure que le récit progresse, entre les va-et-vient entre passé et présent, l’auteure dévoile le mal de vivre de son personnage. Pas tout à fait chez elle dans le Ndoucoumane et presque toujours étrangère et exotique à Bruxelles, Ken se laisse progressivement gagner par un spleen qui l’entraînera dans une chute aux effets dévastateurs.

Ken Bugul mélange une écriture délicieusement visuelle et une certaine poésie et lyrisme, comme l’illustrent les quelques exemples ci-après :

« La mère n’entendait rien. Assise sur la peau de chèvre, la calebasse dans le creux des fortes cuisses qui avaient vibré à tant d’événements depuis le jour où le père était venu la demander en mariage, elle avait la tête baissée sur son mil trempé d’eau. Une main sur la calebasse, l’autre malaxant, les jambes découvertes, le buste nu, les seins retombant comme des bourses vides, la mère s’était assoupie. » (page 12)

« L’hivernage était arrivé sans avertir, par une pluie qui trempa le soleil, les corps, la terre, la vie. Tout le village était en effervescence. Ah ! eau, si tu n’existais pas, comme la vie serait vaine ! La saison des pluies était accueillie par les enfants et les oiseaux qui dansaient ensemble. Il était tombé beaucoup d’eau ce jour-là. Des marigots s’étaient formés. L’eau qui coulait suivant les petits sentiers, drainant avec elle tous les débris de la saison sèche qui jonchaient le village. Le noyau du fruit du baobab n’avait pas bougé car il était fixé à la terre par l’eau que la mère avait renversée. Une semaine après le début de l’hivernage, le noyau germa à nu : on vit une petite tige portant précieusement une feuille. Les averses, les pas des êtres humains et les sabots des animaux l’épargnèrent miraculeusement et bientôt une jeune plante frêle se réveillait avec le soleil et se couchait avec lui. » (page 20-21)

« Ce village perdu au fin fond du Ndoucoumane ne connaissait le train que parce qu’il le traversait sans s’arrêter. Les femmes et les enfants se mettaient devant les concessions à son passage ; les mères soulevaient les petites mains dodues des nouveau-nés pour saluer le train. Les pères et les enfants, les garçons plus grands, allaient à côté des rails pour mieux le voir et restaient sur la voie à regarder sa fumée salir l’horizon en laissant une odeur qui longtemps hantait les narines et les rêves. » (page 29)

« Quand elle était là, allongée sur le lit, longue comme une feuille de manguier, elle me souriait avec cette manie qu’elle avait de plisser les yeux très fort. Je regardais sa peau pareille à la crème du lait caillé, ses cheveux longs comme des lianes et blonds comme le sable de mon village. » (page 120)

Ce livre offre également des points de vue d’une franchise louable sur les rapports qu’entretiennent les Africains avec ce qu’ils considèrent être un eldorado, l’Occident.  Tout au long de son roman, Bugul ne cesse d’illustrer le décalage entre attentes ou idées de l’Europe avec la réalité que son héroïne découvre.

Le Baobab fou est un roman d’apprentissage qui m’a particulièrement bouleversé car je m’y suis reconnue dans de nombreux aspects : qu’il s’agisse du fonctionnement de la famille africaine, de la place de choix qui y est donné aux hommes, de celle de la femme, du sens du devoir inculqué à celles-ci dès leur plus jeune âge, ou encore ce sentiment grandissant de ne pas se sentir appartenir à sa propre famille et en Occident. Se dégage par ailleurs une écriture sous-jacente à ce roman, celle de la rupture avec les origines et des périls de l’idéalisation de l’Occident et de l’occidentalisation pour les Africain-e-s que j’ai particulièrement apprécié. Par ailleurs, Bugul écrit à merveille sur le chaos de la vie, le mal de vivre ainsi que sur le poids des origines et des traditions. Ainsi, j’ai été transporté par la façon dont l’auteure rapporte l’histoire qui est la sienne avec crudité, simplicité et une certaine parcimonie du détail.

 

ALLER PLUS LOIN…

Voici les thématique majeures que j’ai relevées lors de ma lecture et quelques citations poignantes.

  • la fraternité : dès son arrivée à Bruxelles, la jeune Ken ressent une certaine fraternité parmi ses compatriotes du continent, eux aussi venus en Europe pour parfaire leurs études :

« Après le déjeuner, j’avais échangé quelques mots avec une jeune Zaïroise. Je ne savais pas d’ailleurs pourquoi ni comment, mais au premier coup d’œil, nous avions, disons, sympathisé. (…) Elle avait ce charme spécifique aux jeunes filles d’Afrique centrale et australe et souriait tout le temps ? Quand elle parlait, elle muait comme une enfant. Nous avions décidé de nous revoir plus tard. » (p.61)

« À une table voisine venait de s’installer un Africain en compagnie d’un couple apparemment belge. Avec jean Wermer, j’avais l’habitude, pour l’exotisme – moi aussi je m’en mêlais –, de dire des mots de ma langue et quand je lui dis « dof », ce qui voulait dire fou, l’Afrique s’éjecta comme un diable de sa boîte. « Ma sœur, vous êtes sénégalaise ? » Il m’avait sauté au cou comme un fou. Il était foudroyé de bonheur. Cette façon de dire fou dans notre langue était teintée de tendresse toujours, cela l’avait encore plus attiré. »    (page 108-09)

« J’avais comme voisin de palier un GI américain, un type exceptionnel dont j’avais fait la connaissance dans les escaliers, par ce bonjour que je lançais à tout le monde. Saluer, en dehors d’être une politesse, permettait de se replacer dans une dimension humaine. L’approche de l’autre était toujours une identification. Un bonjour désinvolte que je voulais communicatif, s’imposait et on y répondait toujours avec surprise. Un jour, alors qu’il avait laissé sa porte entrouverte, j’étais rentrée naturellement et tranquillement, comme si nous nous connaissions depuis toujours et il en fut ainsi tout le temps que j’ai habité là. Ceci confirma ce que je pensais : pour avoir les autres, pour être avec les autres, parlons-leur un langage qu’ils comprennent, ayons une attitude qu’ils distinguent, restons à leur niveau. Le seul langage que tous les êtres humains comprennent, c’est le langage humain. » (page 102)

  • être étranger-e en Europe :

« C’est gauchement et sans imagination que j’étais arrivée à l’O.C.D. qui se trouvait dans un building immense tout en béton, acier et verre. C’était assez chaleureux. J’y avais rencontré à nouveau presque toutes les nationalités et c’était toujours la même chose. Nous étions traitées comme des étrangers. De la même manière que dans le home pour jeunes filles catholiques. Mais ici c’était quand même plus sympathique. Ici, ils semblaient plus naturels. Après tout, ils faisaient leur travail. » (p.56)

« Elle revint avec une perruque posée sur un mannequin. (…) Elle m’avait apporté une glace pour me contempler et ce fut l’horreur. Elle voyait bien que cela ne m’allait pas du tout, vu mon style et ma peau et mes traits. C’était une perruque lisse, brune, très longue et très chevelue. La perruque qu’on pouvait voir dans certaines revues.

« Non, ça ne va pas.

– Oui, vous avez raison ; pour vous, il faut des perruques afro. C’est votre genre. Ces perruques ici, c’est pour les Blanches qui en portent et vous, vous êtes noire ; enfin vous n’avez pas une tête à ça. Je suis désolée, je ne peux rien pour vous. » (p.59-59)

« Et je voyais toutes ces personnes qui défilaient derrière et devant moi. J’étais là plantée comme un clou au milieu du trottoir. Les gens autour de moi avaient la peau blanche jusque derrière les oreilles ; ils étaient tous blancs avec des cheveux de toutes les couleurs et certains portaient des lunettes immenses. Comment ce visage pouvait-il m’appartenir ? Je comprenais pourquoi la vendeuse m’avait dit qu’elle ne pouvait rien faire pour moi. Oui, j’étais une Noire, une étrangère. Je me touchais le menton, la joue, pour mieux me rendre compte que cette couleur était à loi. Oui, j’étais une étrangère et c’était la première fois que je m’en rendais compte. » (p.59-60)

« Je découvris les restaurants de luxe, les week-ends de luxe, les gens de luxe, les maisons de luxe. L’Occident dans sa chute généreuse. Et moi qui jouais si bien mon rôle ! J’étais le pion dont ces gens-là avaient besoin pour s’affranchir d’une culpabilité inavouée. J’étais partout en même temps et ne passais pas inaperçue, parce que j’étais une Noire, provocante, sophistiquée, qui connaissait leurs cultures, leurs civilisations. Ils en étaient surpris. Leur décadence, je ne pouvais me l’imaginer car, depuis vingt-ans, on ne m’avait appris rien d’autre d’eux que leur supériorité. Pourquoi alors, consciente de tout cela, insistais-je dans le jeu ? » (page 89-90)

  • la solitude :

« C’était une petite chambre avec un petit lit, une petite armoire, une petite table, une petite chaise et, au-dessus du petit lit, une petite croix, le Christ. Pour la première fois, j’appelais chez moi, je criais au secours. J’avais peur de tout ce qui m’entourait. Surtout la solitude, le froid, le petit Christ au-dessus du petit lit. Oh, comme les chambres étaient chaudes, vivantes, rassurantes, humaines en Afrique ! Tout le monde est là. Les souffles réguliers des petits neveux, le sommeil plein de rêves et de bonheurs d’enfants. La sœur est là, la mère est là, les animaux domestiques ne sont pas loin. C’est magnifique quand tout dort ensemble. » (p. 49-50)

« Dans ce monde, rien n’est libre, personne n’était libre. Il n’y avait que l’amour qui était libre et tout le monde n’avait pas l’amour. Je reprochais à la mère de ne pas m’avoir emmenée avec elle ou de n’être pas restée avec moi comme elle avait fait avec le père et les autres depuis plusieurs dizaine d’années. Je ne savais toujours pas pourquoi la mère avait dû partir. » (page 138-39)

« La vraie solitude c’était le départ de la mère, l’école française, la mort du père et toujours la solitude. Je connaissais énormément de gens et je ne connaissais personne ; j’étais surprise de la réaction des individus, j’étais dépassée (…) » (page 118)

  • le mal du pays :

« C’était une petite chambre avec un petit lit, une petite armoire, une petite table, une petite chaise et, au-dessus du petit lit, une petite croix, le Christ. Pour la première fois, j’appelais chez moi, je criais au secours. J’avais peur de tout ce qui m’entourait. Surtout la solitude, le froid, le petit Christ au-dessus du petit lit. Oh, comme les chambres étaient chaudes, vivantes, rassurantes, humaines en Afrique ! Tout le monde est là. Les souffles réguliers des petits neveux, le sommeil plein de rêves et de bonheurs d’enfants. La sœur est là, la mère est là, les animaux domestiques ne sont pas loin. C’est magnifique quand tout dort ensemble. » (p. 49-50)

  • le mythe de l’Eldorado :

« Je faisais et défaisais mille structures, mille plans, mille rêves. Je m’étais rendue aux toilettes et, à l’intérieur, je m’étais dit que pour sûr Dieu existait. Je m’étais pris la tête dans les mains et j’avais pleuré. Quand je vis le visage bouleversé que le miroir réfléchissait, je me ressaisis. (…) Mon âme et mon cœur saignaient inlassablement. En me réinstallant, je me disais que tout ceci était de la vieille histoire, que tout ceci allait s’arranger dans le Nord sans problème. La Terre promise. Le martyre ne serait plus long. J’avais fermé les yeux pour mieux imager mon labyrinthe intérieur à travers les dédales d’un monde connu seulement par désespoir, par vide affectif et par manque de forêt sacrée. » (p. 45-46)

« Je suis en Terre promise. Ça y est. À moi la vie ! Adieu la solitude ! » (p.53)

  • la découverte de soi :

« Il y a des foules de sentiments, de multiples ressentiments que nul ne peut dire, encore moins décrire. Je crois que tout ce qui se passe en nous, nous ne l’exprimons jamais entièrement. Car cela nous dépasse. » (p.61)

« Moi qui avait rêve d’un foyer, d’un père, d’une mère, d’ancêtres, moi qui voulais être reconnue ! J’étais jetée dans la cade des fantasmes inassouvis et des chevauchées dans le rêve surréel. » (page 119)

  • la question de l’identité :

« Dehors tout prit un rythme nerveux. C’était intérieur en moi. On dirait le grondement de tonnerre qui approche par les grandes soirées pluvieuses de l’hivernage. J’étais bouleversée. Pourquoi voulais-je acheter une perruque ? En Afrique on vendait des perruques, mais je n’y avais jamais pensé. Et là, comme ça, j’en voulais une. C’était presque triste. » (p.59)

« La façade en miroir d’une vitrine me renvoya le reflet de mon visage. Je n’en crus pas mes yeux. Je me dis rapidement que ce visage ne m’appartenait pas : j’avais les yeux hors de moi, la peau brillante et noire, le visage terrifiant. J’étouffais à nouveau parce que ce regard-là, c’était mon regard. » (p.59)

« Et je voyais toutes ces personnes qui défilaient derrière et devant moi. J’étais là plantée comme un clou au milieu du trottoir. Les gens autour de moi avaient la peau blanche jusque derrière les oreilles ; ils étaient tous blancs avec des cheveux de toutes les couleurs et certains portaient des lunettes immenses. Comment ce visage pouvait-il m’appartenir ? Je comprenais pourquoi la vendeuse m’avait dit qu’elle ne pouvait rien faire pour moi. Oui, j’étais une Noire, une étrangère. Je me touchais le menton, la joue, pour mieux me rendre compte que cette couleur était à loi. Oui, j’étais une étrangère et c’était la première fois que je m’en rendais compte. » (p.59-60)

« Allongée sur le divan tendu de bleu qui coulait comme les laves d’un volcan, je voyais le plafond s’effondrer sur moi avec fracas. Je m’arrachais la peau jusqu’au sang. Sa noirceur m’étouffait. Oh Dieu, comme la mère était loin ! (…) Je m’étais accrochée à elle et lui demandais de m’arracher la peau ;  je ne voulais plus avoir la peau noire. (…) Le désespoir de vivre menait à tout. Pourquoi n’avoir pas prévu la réaction de la femme noire au néocolonialisme ? » (page 137-138)

« La mort du père confirmait les répercussions du départ de la mère, l’enfance non vécue, le rêve bafoué, l’école française dans laquelle je fouillais en vain, la nécessité des racines pareilles à toutes ces veines qui reliaient l’enfant à la mère, ce cordon ombilical sûrement important. » (page 116)

  • le racisme : la femme noire vue comme bête de foire, de sexe, une attraction et un rite de passage pour personnes en quête d’exotisme.

« « Comment, vous les Africains, vous ne devez pas avoir peur du guépard, il vient de votre pays », s’étonna le patron. Voilà comment les Africains étaient vus. » (page 142)

« « Oh Ken, ne va pas chercher des considérations là où il n’y en a pas, là où il n’en faut pas. Une femme ne peut être rien d’autre que de la consommation. Les gens n’arrêtent pas de nous demander où nous t’avons dénichée ; tu allies la féminité à l’intelligence et tu es noire. Alors si tu veux gagner de l’argent, cesse de discuter avec les clients de métaphysique, de Sumer et de poésie. Nous ne sommes pas des poètes, nous. » » (page 144-145)

« Ses parents étaient racistes et jamais je n’avais pu aller chez elle. (…) J’étais noire et cette seule raison coupa une amitié profonde. Nous l’avions vécue, c’était le plus important. » (page 120)

  • la sexualité :

« J’étais sortie me perdre dans les rues sombres de ce quartier de la gare de Luxembourg. Devant un chantier, je repensai à tout ce qui m’était arrivé depuis que ma virginité qui me rattachait à toute une génération de mœurs et de traditions s’était envolée avec mon professeur d’histoire. Comme les grossesses pouvaient avoir la couleur du temps, j’étais seule.  Ce chantier démembré se présentait à moi comme un autre moi-même. » (p.73)

 

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