SMILF: Single Mother I Would Like to Fuck, la super série de Frankie Shaw

SMILF – « Single Mother I Would Like to Fuck » – est une nouvelle série américaine au format 10×30’ basée sur le script et le super court-métrage du même titre de Frankie Shaw. En 2015, SMILF avait gagné le  « Short Film Jury Award for U.S. Fiction » à Sundance.

Cette dramédie, semi-autobiographique, se concentre sur la dure réalité d’une jeune mère célibataire d’une vingtaine d’année, Bridgette Bird, qui veut concilier ses ambitions professionnelles, avec ses envies et besoins de femme, et ses devoirs de mère. L’histoire est basée à Southie, soit le Sud de Boston.

Frankie Shaw joue le rôle-titre, Bridgette, mais a aussi d’autres casquettes. Elle signe le scénario, la réalisation, et la production exécutive de SMILF. Elle s’est entourée à la production exécutive de Gene Stupnitsky et de Lee Eisenberg (Quantity Entertainment) qui ont notamment travaillé sur les saisons 2 à 6 de The Office (US), ainsi que de Michael London (Groundswell Productions).

Le premier épisode de la série a été mis en ligne le 20 octobre, et sera diffusé tous les dimanche à la télévision américaine à partir du 5 novembre sur la chaîne Showtime.

À ses côtés, on retrouve Rosie O’Donnell qui joue sa mère, Tutu. C’est une relation mère-fille complexe et tendue qu’il nous est donnée de voir dans ce premier épisode. Tutu est une grand-mère bienveillante pour son petit-fils Larry, dont elle s’occupe régulièrement. Mais on ne peut pas dire qu’elle porte une très grande affection pour son père, dont elle mentionne la sobriété récente.

C’est l’acteur Miguel Gomez qui joue Rafi, l’ex-petit ami de Bridgette et le père de Larry. Les deux ex vivent séparément, mais co-éduquent leur enfant en toute amitié. Rafi vient tous les soirs pour mettre son fils au lit et repart aussitôt pour vivre sa vie, dont on ne sait pas grand chose. Alors que Bridgette est célibataire et confesse ne pas avoir eu de relations sexuelles depuis sa grossesse, Rafi, lui, a refait sa vie. Et c’est en compagnie de Nelson Rose, surnommée « hard nipple », jouée par Samara Weaving, qu’il s’affiche désormais.

Nelson, belle jeune femme au corps superbe, fait l’envie de Bridgette qui la jalouse. La situation est telle qu’elle se compare à celle-ci et s’inquiète de ne plus être désirable. Visiblement traumatisée par sa grossesse, la jeune femme porte un stigma que beaucoup de jeunes (et pas si jeunes) mères partagent : celui de ne plus être un objet de désir, car elles ont donné la vie.

Comment se sentir séduisante quand elle partage son temps entre s’occuper de son fils, travailler et tenter de décrocher des rôles ? Même si son ex et elle s’entendent sur la garde de Larry, les responsabilités parentales reposent entièrement sur Bridgette, chez qui l’enfant vit.

Ce qui est particulièrement frappant dans SMILF c’est la volonté de ne pas glamouriser la vie de mère. Bridgette subvient seule, semble-t-il, à ses besoins et à ceux de son fils. Elle travaille comme tutrice pour les enfants de Lily, interprétée par Connie Britton. Un job qui ne paye pas assez pour qu’elle n’ait pas à manger chez sa mère à l’occasion ou pour que sa carte bancaire ne soit pas refusée à la superette.

Dans la séquence d’ouverture, Bridgette se rend compte malgré elle que ses pouvoirs de séduction sont annihilés par sa casquette de mère, dont elle est désormais indissociable. Lorsqu’un homme la drague après un match de basket, il découvre rapidement qu’elle est mère, et fuit aussitôt sans explications, la laissant impuissante et avec le sentiment instantané d’être indésirable. Il semble que pour une femme, c’est plus difficile et moins « sexy », de draguer avec un enfant aux bras, que pour un homme qui en fait de même.

Ce rejet la met face à la réalisation qu’elle a « perdue » ses pouvoirs d’attractivité et quelque part sa jeunesse. Sa visite chez sa gynécologue, son obsession et ses questions sur son vagin, son état et sa taille en sont la preuve. Des problèmes qui s’accentuent lorsqu’elle rencontre Nelson, la nouvelle copine de son ex.

SMILF aborde sans détour le constant problème de l’image de soi chez les femmes. Un rapport à soi et à son image qui prend un tournant encore plus sévère après les changements physiques et psychologiques apportés par la grossesse. Mais il est également question du double standard qui existe entre les hommes et les femmes face à la parentalité. Un homme n’est pas, instantanément, déchu de son sex-appeal lorsqu’il devient père. Il gagne, souvent, en attractivité. Davantage, son statut de père est facilement dissociable de son identité d’homme. Alors que la femme qui devient mère, en général, semble perdre en partie, ou totalement et parfois à jamais, ce sex-appeal et ses prétentions aux attributs de la jeunesse. C’est comme si la maternité la faisait traverser le Styx, la reléguant à jamais au statut de mère, condamnée à une solitude et à un célibat infernal et éternel. Ainsi, la mère devient une paria aux yeux des hommes, un être sans désir charnel, ni pouvant être objet de désirs, ici masculins. La maternité est ainsi vue comme un répulsif qui suivrait ces femmes partout, ad vitam eternam. Et c’est avec humour que Frankie Shaw aborde ces problématiques à travers son personnage, qu’elle met dans des situations cocasses, parfois à la limite de l’absurde. 

Ce constat contraste paradoxalement avec son surnom/statut de SMILF qui en a marre de se masturber et n’a qu’une envie, c’est de baiser. Le choix du nom du personnage-titre est aussi intéressant. On ne peut s’empêcher de se demander si Frankie Shaw n’a pas été inspiré par Miss Jones, ainsi que par la Lady Bird de Ken Loach, cette dernière est elle aussi mère célibataire et douée d’une résilience remarquable.

SMILF questionne également la place et la perception de la femme et de sa sexualité dans la société. Ce qui promet d’être intéressant par la suite.

SMILF est assurément une série à suivre dont les sujets toucheront un large public.

 

 

Crédits photos: SMILF – SHOWTIME / D.R.

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