La pornographie, ses conditions de réalisation et sa place dans la communauté LGBTQ+ sont au cœur de ce 5^ème épisode de Queer Britain intitulé « Porn Idols ».

 

Au même titre que le porno hétéro-centré, le porno gay et lesbien sont de vrais enjeux économiques et sociales. George, porno star, producteur et fondateur de Hung Young Brit, révèle l’envers du décor du porno gay en Grande-Bretagne. Du processus de casting, aux préparatifs, jusqu’au tournage en studio, Riyadh Khalaf nous montre comment et avec qui sont faits les pornos gays britanniques.

 

Dans ce milieu dominé par des désirs et fantasmes hétérosexuels ou hétéro-centrés, nombreuses sont les personnes queer qui ne se sentent pas représentées à l’écran. C’est dans ce contexte et de ce constat que sont parties les américaines Shine Louise Huston, productrice et réalisatrice, et Jizz Lee, actrice porno, pour fonder Pink & White Production. Avec leur société de production, elles créent des films pornos queer faits par des queer à destination de queer.

 

Dans la lignée, Blath, crée, réalise et joue dans des pornos féministes et queer faits par et pour les personnes queer. Ses films, en plus de mettre en avant les sexualités queer, subliment le désir de ces personnes par un travail important sur l’esthétisme. L’attention qu’elle porte à son genre de porno fait de son travail un acte militant mais aussi un objet d’art qui challenge le public, les codes et les normes du film pornographique.

 

Ainsi, le porno queer a permis l’émergence d’une nouvelle forme de militantisme dans le milieu LGBTQ+. Il a donné l’opportunité à de nombreuses personnes de prendre part à des discussions mais aussi de redéfinir ce qu’est le militantisme queer. C’est le cas de Cookie qui est une actrice de porno-cam : « I think the reason that I do porn would actually be kind of advocacy.». Même si elle est engagée dans un milieu où les labels sont importants, elle refuse de s’y contraindre et de s’enfermer dans une catégorie : « I will not market myself as trans. I just market myself as a woman who happens to have a penis. Words like she-male, tranny, all of these stuff, I avoid those completely. I won’t work with those terms. ». Pour Cookie, faire du porn-cam lui permet de reprendre contrôle de son identité et de son corps, mais aussi d’aider ceux et celles qui se posent des questions et ont besoin de réponse ou de ressources pratiques pour les aider dans leur transition ou recherche d’identité. Elle prend le temps de répondre aux questions de ses visiteurs qui, pour la plupart, forment une communauté solidaire autour d’elle.

 

Ce militantisme queer dans le milieu porno est en partie ce qui a rendu Buck Angel célèbre. Homme transgenre ayant gardé son vagin intact, c’est une personne très controversée dans le milieu. Riyadh Khalaf l’interviewe dans cet épisode pour savoir comment il a fait de son militantisme son fond de commerce.

 

Par moment voyeuriste, cet épisode de Queer Britain touche à un problème majeur chez les personnes LGBTQ+ : celui de la représentation. Si l’épisode 4 soulevait celui de la représentation ethnique et le racisme, dans celui-ci, on est face à la représentation de la sexualité des personnes queer. L’absence de représentation est telle dans le milieu du X que ce sont des citoyens lambdas qui s’y attèlent, à l’image de ces acteurs amateurs. Le temps n’est plus à l’attente que la société daigne les représenter, mais au combat pour leurs représentations. Un combat qui est assez représentatif de notre temps où l’image et la représentation tiennent une place prépondérante, que soit à la télévision, sur les réseaux sociaux, ou encore au cinéma.

 

Ces activistes, chacun à leur manière, prennent à cœur de peindre leurs identités, leurs sexualités et leurs histoires selon leurs propres codes et esthétiques, créant ainsi des niches qui leurs sont propres et auxquels ils peuvent s’identifier.

 

Pour voir l’épisode, c’est juste ici.