Queer Britain est une série documentaire sur la communauté LGBTQ+ en Grande-Bretagne. Diffusé sur BBC 3 et présenté par le journaliste et youtubeur Riyadh Khalaf, ce programme interroge les identités, les normes, les codes, les dérives de la communauté queer et les challenges auxquels elle doit faire face.
Homme cis et ouvertement homosexuel, Riyadh Khalaf nous ouvre les portes d’une communauté dont lui-même est curieux et qu’il avoue ne pas connaître complètement. Diffusée depuis le 7 mai, cette série-documentaire est articulée en 6 épisodes thématiques, d’environ 30 minutes chacun, disponibles sur la chaîne et l’application BBC 3, ainsi que sur Youtube. Chaque épisode tacle un sujet différent qui affecte les personnes LGBTQ+ de tout âge et milieu social.
« Does God hate me ? » est le titre de cet épisode inaugural de Queer Britain.
En prélude de l’épisode, Khalaf présente son parcours et son rapport à la religion : “I am Riyadh, a gay man living in London. A blogger and a journalist, I grew up catholic. My father is Iraki so I spent most of my childhood at the local mosque. When I came out, I began to understand that mainstream religions don’t like people like me”.
Le présentateur part de son constat personnel et le confronte à l’expérience d’autres personnes. En posant le contexte de ce programme, et les raisons qui le motivent personnellement, Khalaf s’engage dans une démarche d’éducation sur les thématiques LGBT. Dans cette épisode, il pose la question de savoir comment la religion, quelle qu’elle soit, considère et aborde l’homosexualité : « Dieu aime-t-il les gays ? », et si les deux peuvent coexister. Entre acceptation et rejet, le présentateur se demande davantage quel impact le coming-out a eu sur les personnes LGBT croyantes.
Riyadh Khalaf rencontre et porte son attention sur divers spectres de la communauté LGTB : comme par exemple Josh, gay et ex-témoin de Jéhovah. Le présentateur revient avec lui dans sa ville natale, où il lui raconte son coming-out et comment cet événement a fait basculer sa vie. Révéler son homosexualité lui a coûté sa famille puisqu’il a été banni par son église et ses parents. En effet, chez les témoins de Jéhovah, l’homosexualité est un péché, comme le raconte Josh : « I was raised a Jehovah’s Witness so we were told that homosexuality was a sin.” Ainsi, lorsqu’il a fait son coming-out, sa famille était dans l’obligation de le dénoncer à leur congrégation, qui a ensuite décidé de son excommunication et de son bannissement. Et ce n’est qu’en sortant de cette communauté qu’il a pu s’épanouir et vivre ouvertement son homosexualité.
Elijah, lui, s’identifie comme étant trans-masculin, pansexuel et chrétien : “I identify as trans-masculine. So I use he, him pronouns. My sexual identity, I say that I am pansexual.” Pour lui, sa foi est un élément crucial dans sa vie. C’est ce qui l’a aidé dans sa quête identitaire et son épanouissement : « Growing up and struggling with my sexual identity and then my gender identity, I just didn’t feel like I belonged anywhere. So my faith has been incredibly important because it’s always given me a reason to keep growing. » C’est d’ailleurs dans sa congrégation, à l’Oasis Church, qu’il fait une cérémonie religieuse de révélation de son identité. Cette célébration devient alors un symbole de renaissance et d’acceptation de lui-même en quelque sorte.
Il y a aussi Maryam, une femme lesbienne, issue d’une famille musulmane conservative. Ne vivant pas son homosexualité au grand jour, elle témoigne anonymement de son histoire et de sa lutte pour garder sa foi malgré sa situation. Elle révèle chercher en ligne un homme, lui aussi gay, pour un mariage arrangé. Cette union, qui ne serait pas consommée, serait pour l’un comme pour l’autre l’occasion de vivre leur vérité, tout en se conformant à leur tradition, mais sans peur de perdre leur famille. Une peur qui semble l’habiter.
Mais la partie la plus intrigante de cet épisode est sans doute l’interview du Docteur Mike Davidson. Thérapeute et lui même homosexuel, il est membre de Core Issues Trust, une organisation à but non-lucrative et chrétienne. Davidson avance que l’homosexualité est un « problème de développement mental » dans lequel l’environnement joue un rôle prépondérant. Et de fait, c’est quelque chose qui selon lui est remédiable si l’on travaille dessus. Pour lui, le christianisme et l’homosexualité ne peuvent tout simplement pas coexister.
Une vision qui est diamétralement opposée à celle offerte par un autre homme de foi, Steve Chalke, fondateur de l’Oasis Church, une église chrétienne : « The Bible says, on the very first page, that « every man and every woman is made in God’s image » That’s what it’s about. So everyone one is welcome, whatever their gender, gender identity and their sexuality. They are welcome here in this church. »
Finalement, Khalaf conclue que la religion est une pratique personnelle à chacun : « Look, of course an LGBT person can have faith. But how they choose to live in that faith and practicing it is a very personal thing. Does God really hate queers ? I don’t think so. »
Riyadh Khalaf propose avec Queer Britain un programme éducationnel et pédagogique qui montre les personnes LGBTQ+, leurs vies et leurs luttes, tout en posant un regard bienveillant sur le spectateur et les personnes interrogées. On ressent dans cette épisode une volonté de montrer la fierté LGBT et de porter un certain message d’espoir pour ceux qui peuvent vivre difficilement avec leur foi et leur homosexualité. La dénonciation, quand elle a lieu, n’est ni agressive ni contre-productive. Il y a une vraie démarche militante mais qui s’inscrit dans l’échange et l’écoute de l’ensemble des points de vue.
Le ton de ce programme est particulièrement rafraichissant car il ne laisse aucune place au politiquement correct, à la complaisance ni au tabou. De plus, il est facilement accessible à tous les publics.
Si cette présentation vous a intéressée, je vous laisse découvrir l’épisode ci-après.
Demain, je vous présente le deuxième volet de Queer Britain.