Ma Vie de Courgette: Film Review

Dimanche dernier, alors que certains manifestaient pour une idée arriérée de la famille, j’ai eu le plaisir d’assister à l’avant-première parisienne du film d’animation Ma Vie de Courgette. Et je voulais en toucher un mot ici puisqu’il sort en salle aujourd’hui.

Ma vie de Courgette c’est une histoire d’enfance, d’amitié et d’abandon écrite par Gilles Paris dans son roman Autobiographie d’une Courgette, parue en 2002, et portée à l’écran par Céline Sciamma et Bruno Barras, ce dernier signant la réalisation du film.

Mais attention aux amoureux de légumes, et surtout de courgettes, ce film d’animation, tourné en stop motion, n’est pas l’histoire d’un pot au feu, laissé pour mort sur la cuisinière à gaz de chez mamie.

Courgette c’est le surprenant surnom du jeune Icare, un petit garçon de neuf ans qui est très attaché à cette douce appellation, donnée par sa maman.

Mais pourquoi une  Courgette, plutôt qu’un autre légume? Gilles Paris s’est expliqué sur ce choix pour son personnage principal :

« Alors en fait, j’avais écrit les trois quarts du roman et Courgette n’existait pas encore dans le roman. Et je me suis dit à un moment donné que ça n’allait pas, qu’il fallait lui trouver un surnom. Alors, j’ai cherché dans un gros dictionnaire des légumes. J’ai vu qu’il y en avait certains qui étaient déjà pris. J’allais pas prendre carotte, par exemple. Donc, j’ai réfléchi. Je ne voulais pas que ça soit péjoratif, donc cornichon, courge… c’était pas génial. Courgette, ça sonnait bien. Ça avait un petit côté « on le retient tout de suite ». C’est affectueux. C’est amical. Et donc j’ai retravaillé le roman depuis le début pour faire exister ce surnom. Et c’est un surnom très important pour le personnage qui s’appelle Icare, qui est un drôle de prénom d’ailleurs. Et je peux comprendre qu’il préfère Courgette, et qu’il l’assume. »

Et lorsqu’il la perd accidentellement, ce surnom lui devient d’autant plus essentiel.

Désormais, orphelin de ses deux parents, il va se lier d’affection pour l’officier Raymond, qui recueille sa déposition, suite au décès de sa mère.

Cette affection qui lie Courgette et Raymond va perdurer et se renforcer après que le policier le dépose au Foyer des Fontaines, où il est placé sous la responsabilité de Madame Papineau, la directrice de l’établissement.

Après un temps d’ajustement, Courgette se lie d’amitié avec Simon, Jujube, Ahmed, Alice et Béatrice, les autres pensionnaires du foyer.

Mais lorsque la jeune Camille, 10 ans, débarque au foyer, tout se chamboule pour Courgette.

Très rapidement, les deux compères deviennent inséparables.

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Claude Barras et Céline Sciamma ont réussi avec ce film à conter avec sensibilité et humour (spéciale dédicace à ceux et celles qui rient encore de cette blague sur le zizi) des thèmes souvent difficiles à comprendre pour des jeunes esprits, tels que la mort, la perte, ainsi que le fait d’être orphelin.

Et ce duo brille également par leur traitement de l’enfance et de l’innocence, et ce sous le prisme des enfants. Écrire pour les enfants est déjà une tâche difficile, comme l’a avoué Gilles Paris, lors de l’avant-première, mais le faire du point de vue d’un enfant l’est tout autant, si ce n’est plus, comme l’a confié Céline Sciamma.

L’auteur de Autobiographie d’une Courgette a également exprimé sa grande satisfaction quand à l’adaptation de son livre :

« En général les romanciers qui sont adaptés au cinéma ont toujours quelque chose à dire. Moi, je veux juste vous dire que le film est une vraie perle, un vrai bijou. Je ne remercierai jamais assez Claude et Céline d’avoir fait un travail aussi formidable ».

Mais si ce film s’adresse en apparence aux enfants, il faut savoir que le livre vise davantage un public d’adolescents ou de jeunes adultes, comme en témoigne la bande-annonce.

D’ailleurs, Céline Sciamma a  voulu étendre la portée de cette histoire à un public plus vaste, comme elle l’a expliqué:

« Le livre, il est plutôt pour adolescents ou adultes. Donc de toute façon, dans la dynamique d’adaptation, il y avait cette envie de l’ouvrir, pas tant d’en faire un film pour enfants, mais un film pour tous. Après, il ne s’agit pas d’édulcorer pour moi. Mais il s’agit de raconter la même chose, avoir le courage d’embrasser les mêmes sujets, mais tout est dans la façon de le raconter, et de se dire qu’on se met dans la logique d’enfants. C’est-à-dire dans une logique d’évocation, de fantasmes, par rapport à ce qu’ils traversent, leurs façons d’exprimer. Voilà, c’est ce qui fait qu’on peut, non pas ne pas dire certaines choses, mais les dire au bon endroit… Le principe c’est que ce sont des enfants qui s’expriment, donc il ne s’agit pas de leur faire des cachoteries ou des secrets. »

Vous l’aurez compris, c’est un film qui s’apprécie à tout âge, et ces enfants aux trajectoires diverses illustrent, dans leur adversité, les pouvoirs de l’espoir, de l’amitié et de l’entraide.

Et cette touchante histoire a déjà conquis beaucoup de monde, surtout dans les festivals internationaux.

Sachez que Ma Vie de Courgette a, entre autres, reçu le Prix du Jury dans la section pour enfants, lors de la 12ème édition du Festival du Film de Zurich, qui a eu lieu du 22 septembre au 2 octobre 2016.

De plus, Claude Barras a confié que la suisse a choisi le film pour représenter le pays aux Oscars, et intégrer la sélection pour les catégories « Meilleur Long Métrage d’Animation », et « Meilleur Film de langue étrangère ».

Et si le film et le livre vous ont particulièrement plu et que vous souhaitez une suite, je suis navrée de vous apprendre que ce n’est pas une envie de Gilles Paris, l’auteur, comme il l’a expliqué lors de l’avant-première :

« La réponse est non, je n’écrirai par une suite à une « Autobiographie d’une Courgette », devenue « Ma Vie de Courgette », tout simplement parce que ces enfants ont à peu près 9 ans, 9-10 ans. Et qu’à 9-10 ans, on ne juge pas, on essaye de comprendre. C’est presque la définition de la tolérance en fait. Tandis que si je les fais grandir, et qu’ils deviennent adolescents, c’est plus du tout les mêmes rapports, et c’est plus du tout la même histoire. Et c’était une histoire que je voulais particulièrement positive, donc elle doit s’arrêter là. »

Mais à défaut d’une suite à l’histoire de Courgette, vous pouvez prolonger l’expérience, en découvrant dans les détails l’univers de la création du film et de ces personnages avec l’exposition « L’envers du décors » à Lyon.

En effet, du 7 octobre 2016 au 2 avril 2017, le Musée Miniature et Cinéma de Lyon accueille cette exposition dédiée au film d’animation de Claude Barras et au travail titanesque effectué par l’équipe de Ma Vie de Courgette pendant plus de quatre ans.

Petit Fokus sur le film 

Durée : 01’05’

Temps de préparation, tournage & post-production du film : « La préparation, c’est-à-dire la fabrication des décors, des personnages, ça a duré un an, le tournage à peu près un an, et puis la post-production, tout ce qui est son, musique, un an aussi, donc trois ans en tout.

Les Marionnettes :

Elles sont faites en pâte à modeler, avec une armature à l’intérieur. Les bras sont faits en silicone, tandis que le visage est fait en résine creuse, avec des éléments aimantés (yeux, sourcils) qui sont remplacés image par image, selon les expressions des personnages.

Chaque personnage a une boîte de bouche et de paupières, avec vingtaine de bouches et de paupières, remplacé image par image par l’animateur.

Lorsque les personnages pleurent, leurs larmes sont faites de gel pour cheveux et sont bougées entre chaque image par un cure-dent.

Les cheveux sont au départ fait en pâte à modeler, puis un moule est fait en mousse de latex.

Enfin, les habits sont en tissus. 

L’animation :

« En moyenne, ça dépend, dans les scènes où justement il y a une dizaine de personnages, on faisait une demi seconde par jour, à peu près. Et puis, dans un gros plan sur un personnage, ça allait des fois beaucoup plus vite, on arrivait à 10 secondes par jour. Mais du coup, en moyenne, on faisait 4 secondes, par jour et par animateur. Mais on avait 15 plateaux de tournages en parallèle, avec tous les décors qui étaient en place, dix animateurs qui travaillaient, du coup ça nous faisait 30-40 secondes par jour, qui étaient tournées. Et puis, sur les autres plateaux, on préparait, on faisait la mise en place des décors, de la lumière, du cadre. » Claude Barras

Prix reçus :

-Prix du public pour un meilleur film européen – 64ème Édition du Festival du Film de San Sebastian

-Prix du Public dans la catégorie Meilleur Film au Melbourne International Film Festival 2016

-Valois de diamant – Grand Prix du Festival Francophone d’Angoulême 2016

-Le Cristal du Long Métrage et le Prix du Public – Festival d’Annecy 2016

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